[Culture] La civilisation des failles vue de Bali

Auteur : JEFFI CHAO HUI WU

Temps : 2025-07-27 Dimanche, 20h14

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[Culture] La civilisation des failles vue de Bali

Je mets les pieds à Bali, non pas seulement pour me détendre, me relaxer ou voyager, mais avec une question aiguë : sur une île où le « paiement par code QR » est déjà largement répandu, pourquoi voit-on encore des routes inégales, des briques lâches et des traces de civilisation qui n'ont jamais achevé leur évolution industrielle ? Cette question, au départ, était comme une brise légère, n'attirant l'attention d'aucun touriste ; mais pour moi, elle était comme une aiguille invisible, piquant le centre nerveux le plus sensible de la structure de la civilisation. Ainsi, je me tiens devant le temple de la mer, ressentant le flux d'énergie de la terre vibrer doucement, tout en regardant les touristes utiliser WeChat Pay pour faire des dons de fumée d'encens, accomplissant une interaction apparemment moderne, sans savoir qu'ils marchent sur une couche de fondation de civilisation déjà rompue.

La réalité de cette île est une coupe transversale vivante d'une "civilisation en décalage" : en surface, des systèmes numériques à grande vitesse, des paiements mobiles, un mode de consommation globalement connecté, tandis qu'en profondeur, on trouve encore des transports lents, un réseau électrique instable, des structures de croyance familiale traditionnelles et une base industrielle non intégrée. Si vous ne regardez que le code QR, vous pourriez penser que cet endroit a déjà pénétré dans l'ère de l'information ; mais si vous vous aventurez vraiment dans ces ruelles, temples et tissus de vie, vous découvrirez que cette terre n'a jamais véritablement connu l'épreuve complète de la civilisation industrielle. Elle n'est pas passée de "primitif" à "numérique" par étapes, mais a été directement greffée de force par des modules de civilisation future, formant un hybride assemblé de haute technologie et d'éléments pré-modernes en décalage.

Je l'appelle "civilisation en faille". C'est un état de civilisation non linéaire, non continu et non évolutif. Ce n'est pas la continuité d'un chemin de développement, mais un patchwork de civilisations coupées et recollées. Une île qui n'a jamais eu de réseau autoroutier complet, mais où tout le monde peut commander un taxi avec un code QR ; une petite ville qui ne peut pas encore garantir une alimentation électrique stable, mais qui a mis en place une plateforme de paiement numérique et un système de statistiques de données ; à l'entrée d'un temple en pierre centenaire, un code QR accroché attire l'attention, et lorsque les visiteurs prient ici, leur téléphone renvoie en temps réel au serveur les statistiques des points de mérite. Tout cela est absurde et réel.

Je ne regarde pas tout cela du point de vue d'un chercheur en culture, mais en tant que pratiquant d'une expérience corporelle, en utilisant la posture debout, le pas léger et la perception dans le froid pour ressentir le flux d'énergie dans cette zone de couture structurelle. Je pratique devant un temple élevé à Ubud, mon corps s'ouvre comme une antenne, ressentant que le souffle du sol sous mes pieds n'est pas uniforme : certains endroits sont lâches, flottants, comme des fragments de civilisations non solidifiées ; d'autres endroits sont soudainement "très lourds", comme des modules de civilisation assemblés après l'affaissement d'une interface de faille. Cette sensation ne peut pas être complètement expliquée par des mots, mais elle est gravée de manière réelle dans le champ de perception du corps, comme une empreinte de l'histoire, silencieuse mais indélébile.

La civilisation de cette île n'est pas une évolution progressive que nous connaissons sous la forme de "agriculture - industrie - information", mais plutôt un nouveau modèle constitué d'une "industrie primitive/inachevée + un système numérique fragmenté". Cet état est semblable à un ancien ordinateur sans système d'exploitation, auquel on aurait soudainement connecté un module d'interface quantique. Ce n'est pas une compatibilité, mais un fonctionnement en rejet ; ce n'est pas une collaboration, mais une avancée en désalignement. C'est aussi pourquoi, lorsque je pratique ici, je ressens que "le champ énergétique de la civilisation est déchiré" - ce n'est pas un manque d'énergie, mais une intégration inachevée entre le niveau d'information et le niveau terrestre, comme si tout le corps respirait de manière irrégulière et que ma démarche était déformée.

Les touristes allument des bâtons d'encens dans le temple et scannent un code QR, pensant que c'est pratique ; les jeunes paient par reconnaissance faciale dans les fast-foods, pensant que c'est à la mode ; le gouvernement gère le flux de personnes avec des codes QR, pensant que c'est efficace. Mais personne ne réalise que ces modules numériques sont des composants de haute dimension imposés dans une civilisation dont la reconstruction de l'espace physique n'est pas encore achevée. Lorsque les fondations de l'ancienne époque sont instables, la structure informationnelle de la nouvelle civilisation s'effondre continuellement en cours d'utilisation, générant des retours imprévisibles, et évolue finalement en anomalies culturelles, déchirures cognitives et illusions de survie.

Je dois tout enregistrer, car ce que je vois n'est pas une "vie pratique", mais plutôt une "archéologie du futur". Lorsque des personnes, des décennies plus tard, se tiendront devant le sanctuaire QR code à Bali et verront une interface de scan déjà obsolète, elles se demanderont peut-être : quel est donc le produit de cette époque ? Et moi, je laisserai dans cet article une réponse claire : c'est la trace résiduelle d'une interface laissée par un échec de saut civilisateur, c'est la blessure d'une civilisation en rupture qui n'a pas encore guéri, c'est le signal d'une mutation de la technologie moderne survenant sans support culturel ni infrastructure de base.

« Regarder la civilisation à travers les failles de Bali » n'est pas seulement un résumé d'observation, mais un avertissement : si nous ne comprenons pas la civilisation à travers sa structure et ne poursuivons que des connexions techniques formelles et des mises à niveau numériques, alors chaque action de scan pourrait être une destruction de l'intégrité du système civilisé. Chaque fondation non construite sous un pavé finira par devenir une zone d'effondrement de la civilisation de l'information elle-même.

Et moi, je choisis de le percevoir avec mon corps, de l'enregistrer avec des mots, de le nommer avec le langage. Parce que la rupture de la civilisation ne se produit pas seulement lorsque vous en prenez conscience. Elle coule silencieusement, s'insère discrètement, détruit lentement.

Source : http://www.australianwinner.com/AuWinner/viewtopic.php?t=697052